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observa qu’il seroit bien injuste de se fâcher contre une cuisinière qui ne savoit pas faire la cuisine ; Laure applaudit à la justesse de cette réflexion ; Germain seul gémissoit sur la mauvaise chère, et sincèrement ; car au fond de l’ame il n’approuvoit point du tout cette espèce de leçon : en qualité de maître-d’hôtel, il se trouvoit humilié d’apporter des plats d’aussi mauvaise mine ; il les posoit sur la table d’un air de dédain ; et depuis le renvoi du cuisinier il avoit, contre son ordinaire, une humeur assez marquée. On avisa cependant aux moyens d’instruire un peu la cuisinière ; Hippolyte conta que feue sa mère en avoit formé une avec le livre intitulé la Cuisinière Bourgeoise. Laure demande avec empressement ce livre ; on le trouve par hasard dans la bibliothèque : Laure est enchantée, et le livre à la main, elle descend (pour la première fois de sa vie) dans une cuisine, elle commande plusieurs ragoûts qu’elle fait exécuter sous ses yeux ; ensuite elle remonte triomphante, et elle dit à Hippolyte : Tu auras un bon dîner !