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adoucir son caractère, et que pour y parvenir je réformerai le mien… — Quelle gloire pour vous, ma chère nièce, si vous réussissez, comme je n’en doute pas ! Par quel lien puissant d’estime et de reconnoissance vous renchaînerez à jamais, et comme vous serez chérie de sa famille et de ses amis ! Après cette conversation, le commandeur embrassa tendrement sa nièce, et partit pour Paris, très-persuadé que la méthode d’éducation d’Hippolyte étoit bonne.

Voilà donc nos deux jeunes époux tête-à-tête dans leur château, avec des gens nouveaux, bien novices et bien bêtes, qui mirent leur naissante patience à de dures épreuves. On trouva les premiers dîners si mauvais, que l’on ne prit, pour toute nourriture, que du laitage et des fruits ; maison fut d’une tranquillité parfaite. On se regardoit, on sourioit ; l’émulation donnoit un charme inexprimable à la modération : combien elle a de douceur, quand c’est l’amour qui l’inspire ! quelle couronne peut valoir la louange et l’admiration de ce qu’on aime ? Hippolyte