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cées par deux grosses paysannes picardes aussi gauches que niaises, et les habits de livrée furent endossés par deux garçons de charrue, d’une balourdise peu commune. Une servante de basse-cour se chargea de faire la cuisine. Le commandeur, le baron et sa femme qui partoient pour Paris, et qui ne devoient revenir que dans six semaines, se chargèrent d’amener des domestiques de meilleur air, et surtout une femme-de-chambre qui sût coiffer parfaitement. Avant de partir, le commandeur eut un long entretien avec Laure ; il lui parla des emportemens de son neveu. Vous seule, ma chère nièce, lui dit-il, pourrez le corriger : il vous adore ; tout vous sera possible. Songez aux affreux inconvéniens de ce vice ; songez que votre mari ira dorénavant tous les ans à son régiment, où il ne manque jamais d’avoir des querelles qui produisent régulièrement deux ou trois duels chaque printemps… — Bon Dieu !.. — Tout autant. À la fin, il se fera tuer. — Ah ! mon cher oncle, soyez sûr que je vais tout faire, tout tenter pour