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colère, je perdrai tout mon courage ; je me dirai : la sympathie entre nous est si parfaite, qu’il ne m’est pas possible d’espérer de triompher d’un défaut qu’elle ne peut vaincre. — Ainsi donc, si je me surmonte ?… — Alors je penserai que je puis, que je dois avoir la même force. — Tu m’enchantes, s’écria Laure : mon ami, nous voilà corrigés. Laure parloit de bonne foi ; car elle prit la plus ferme résolution de devenir aussi douce, aussi patiente qu’elle avoit été violente jusqu’alors. La frayeur mortelle que lui causoit Hippolyte, la tendresse qu’elle avoit pour lui, l’amour-propre, la raison, tout se réunissoit pour l’affermir dans ce généreux dessein. Le lendemain matin, les deux domestiques de Laure, ses femmes-de-chambre et le cuisinier, épouvantés de la turbulence et des emportemens de leurs jeunes maîtres, demandèrent leur congé, et partirent tous à-la-fois. Cet événement fit encore faire d’utiles réflexions à la comtesse, d’autant plus que les femmes-de-chambre, bien élégantes et bien adroites, furent rempla-