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portement, je voulois me tuer ; mon oncle qui étoit présent, m’arracha mon épée… — Grand Dieu ! vous me faites frémir !… Il est vrai, mon cher Hippolyte, je suis très-violente, cependant je n’ai jamais fait une action qui ressemble à cela. — Songez donc, chère amie, à l’extrême différence de nos forces physiques ! quand je suis dans ces accès de colère, je fais souvent le plus grand mal sans en avoir le dessein Croiriez-vous donc que j’eusse le projet de casser le bras de ce respectable vieillard ? Je ne voulois que le chasser de ma chambre ; je le pris par le bras, et la rage qui me possédoit doublant ma force ordinaire, qui naturellement est peu commune, je lui serrai le bras d’une manière si violente que… — Arrêtez, s’écria Laure en pâlissant, arrêtez, ce récit me fait un mal !…

Cet entretien fut interrompu par la baronne, qui venoit proposer une promenade à pied dans le parc. Laure fut rêveuse toute la journée. Après le dîner, on convint qu’on iroit se promener en voiture à six heures du soir ; mais le co-