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LE MALENCONTREUX.

connoissance et plaisir ; l’hermite, s’approchant de la rive, délia un petit bateau qui étoit attaché à un saule ; il me fit entrer dans la barque, et saisissant la rame, il se mit à naviguer, et nous abordâmes au bout de quelques minutes. L’hermite, seul habitant de l’île, me fit voir toutes ses possessions, que nous parcourûmes en un quart-d’heure ; il y avoit dans cette île trois tours ruinées, un hermitage couvert de chaume, contenant deux charmantes petites pièces, un petit jardin fort mal en ordre, un pré d’une assez jolie grandeur, six peupliers, cinq ormeaux, trois sapins, deux chênes, deux noisetiers, plusieurs buissons ; et en animaux, une vache, quatre poules et un chien. Je me chargeai de cultiver le jardin, et en moins de six semaines, j’en doublai le produit. Je me-

    nés, MM. d’Estaing et de Cossè ! L’hermite, plus heureux que ses maîtres, a quitté sa patrie et le monde avant la révolution, et ne peut regretter ni l’un ni l’autre, si les papiers publics parviennent jusqu’à lui.

    (Cette note fut écrite en 1795.)