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que dira ton oncle, quand il saura cela ?… — Oh ! il est accoutumé aux choses de ce genre ; il n’y a pas long-temps que m’emportant un matin contre quelqu’un qui étoit chez lui, je cassai en mille morceaux, la plus belle glace de son salon : tu dois concevoir cette folie : n’as-tu pas brisé ta guitare ? — Oui, mais elle ne t’appartenoit pas. Cette réponse valut à Laure un tendre baiser. Au moins, dit-il, je ne te reproche pas cette vivacité. Qui la conçoit mieux que moi ? car outre les extravagances dont je te parle, j’ai cassé dix violons, et autant de flûtes… — Bon !… — Mon Dieu oui, si je n’étois pas aussi colère, j’aurois un joli talent d’amateur ; mais dès qu’un passage difficile m’arrête, je déchire la musique, je renverse les pupitres, et je mets en pièces les instrumens. — Mais tu es bien plus colère que moi… — Cela est tout simple ; les passions des hommes ont toujours plus d’énergie que celles des femmes. Hélas ! si je n’avois que cela à me reprocher !… Ici, le comte fit un soupir, et prit un air sérieux et touché qui fixa l’attention de Laure : —