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pens, et félicitoit Hippolyte sur la manière parfaite dont il avoit joué son rôle. On soupa comme on put, et le commandeur qui aimoit la bonne chère, pria son neveu de donner à l’avenir, à sa femme, des leçons d’un autre genre. On laissa Laure réfléchir tout à son aise, jusqu’à onze heures. Alors, Hippolyte fut frapper à sa porte, et d’une voix suppliante et bien douce, la conjura d’ouvrir. Elle obéit, et le comte, en entrant, tomba à ses genoux, lui demanda mille pardons d’avoir fait en sa présence une scène si extravagante. Laure obtint la grace du cuisinier ; ensuite, rassurée par la tendresse et les caresses d’un mari qu’elle aimoit passionnément, elle osa lui faire un petit sermon. Hippolyte l’écouta avec douceur, et lui répondit en riant : Je me convertirai, quand mon joli prédicateur m’aura prouvé qu’il est possible de vaincre la colère. — Eh bien ! je vous le prouverai, dit Laure d’un ton ferme. Hippolyte fit un éclat de rire, et parla d’autre chose. À minuit, Laure déclara qu’elle mouroit de faim : Ah ! mon Dieu ! s’écria