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Justine : cette dernière prétend qu’on peut raccommoder le bonnet, Laure le lui arrache des mains, le jette à terre, le foule aux pieds, et Justine qui veut le ramasser, reçoit deux soufflets d’une très-jolie petite main, mais qui, très-exercée dans ce genre, savoit déployer, dans ces occasions, autant de force qu’elle avoit de prestesse et d’à-plomb. Pendant cette scène, Hippolyte, à quelques pas, répétoit d’un air émerveillé : Me voilà !… me voilà !… c’est moi-même… me voilà !…. La singularité de ces exclamations suspendant la fureur de Laure, elle interrompit le torrent d’injures dont elle accabloit la pauvre Justine ; elle se retourna pour regarder Hippolyte. Pendant ce mouvement, Justine se sauva ; et le comte, sans quitter sa place, s’écria encore du ton le plus joyeux : Oui, c’est moi, c’est moi-même !… — Que voulez-vous donc dire ? demanda Laure étonnée. — Ô ma charmante amie ! répondit le comte en se précipitant dans ses bras, il est bien vrai que le ciel nous a faits l’un pour l’autre ; quelle sympathie ! quelle