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pirent à-la-fois. Alors Laure ne se possédant plus, arracha toutes les autres, et prenant sa guittare à deux mains, elle en frappa le manche contre la cheminée de marbre, le brisa ; et jetant la guittare sur le parquet, elle se sauva dans sa chambre et laissa tous les spectateurs stupéfaits. Après ce premier exploit, Laure, un peu honteuse, resta renfermée plus de quatre heures. Elle ne reparut qu’à l’heure du souper ; elle avoit l’air boudeur et embarrassé : on ne lui parla de rien, on la traita comme à l’ordinaire, et Laure reprit ses graces et sa bonne humeur.

Le lendemain matin, Laure étant dans son cabinet de toilette avec son mari, s’établit devant son miroir pour se coiffer, en demandant à Justine, l’une de ses femmes, un bonnet de crêpe blanc, avec des plumes bleues, qu’elle n’avoit pas encore mis. Justine apporte le carton ; on l’ouvre, et on trouve le joli bonnet mal emballé, tout froissé, et absolument gâté, ainsi que les plumes… Laure rougit, ses yeux s’enflamment… Elle éclate contre la négligence et la maladresse de