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service, du plan qu’il avoit formé. Germain étoit un vieillard goguenard qui jouissoit dans la maison de toute la considération que peuvent donner, auprès d’un bon maître, de longs services, une fidélité parfaite et un attachement sans bornes. Il avoit servi le feu comte de Valrive ; il étoit depuis trente-cinq ans dans la famille, qu’il regardoit comme la sienne ; il savoit par cœur toutes les anecdotes de la vie du père et du grand-père d’Hippolyte ; il aimoit surtout à conter tous les traits qui marquoient la faveur dont ils avoient joui à la cour, leurs bons mots, leurs réparties ou nobles ou plaisantes, à la feue reine, à Louis XV, à Louis XIV, et même à Louis XIII ; car sa mémoire alloit jusque-là ; parce qu’il savoit que Louis XIII avoit passé une nuit dans le château de Valrive du temps d’Onuphre de Valrive, ambassadeur et chevalier de l’ordre. Il montroit, avec complaisance, le portrait de cet Onuphre, affublé d’une énorme perruque rousse, d’une cuirasse, et décoré d’un cordon bleu. C’étoit, disoit Germain, le plus bel