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m’a conté tous ces détails. — Comment diable ! s’écria le commandeur, avec tant de graces, ce charmant petit visage, et cette figure enfantine et mignone, elle est de cette méchanceté-là ? Tu le savois, mon Hippolyte, et tu ne m’en parlois point ! Je ne reconnois pas là ta raison. Mais, mon enfant, il ne faut pas se laisser séduire par un joli minois : sûrement tu ne persisteras point dans le dessein d’épouser un petit dragon qui nous feroit enrager tous ? — Quoi ! mon oncle, reprit Hippolyte en souriant, c’est vous qui me conseilleriez de rompre avec celle que j’aime, et de renoncer à elle par poltronerie, dans la crainte d’être battu ! — Oh ! j’imagine bien que tu sauras te défendre ; mais vivre avec un tel caractère !… — Elle n’a que seize ans ; elle perdit sa mère presque en naissant : fille unique, idolâtrée par son père, elle n’a jamais été contrariée ou réprimée ; c’est une enfant gâtée, mais elle est franche, sensible, spirituelle, elle n’aime, nous nous arrangerons fort bien ; laissez-moi faire. — Avec ta douceur, choisir