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son côté, remarqua le beau jeune homme qui passoit tous les autres de la moitié de la tête ; elle s’étonna qu’un visage si agréable pût se trouver sur une taille si haute et si majestueuse : « Il me feroit peur, dit-elle, s’il n’avoit pas le regard et le sourire si doux ! » En effet, Hippolyte avoit la stature d’Hercule, la tête d’Antinoüs ; et après avoir dansé deux contre-danses avec lui, rencontré plus d’une fois ses yeux, Laure pensa qu’une femme pouvoit s’apprivoiser avec cette figure-là. Hippolyte, charmé de Laure, déclara à son oncle qu’il la préféroit à toute autre ; et le bon oncle charmé, promit d’aller parler le jour même au vieux marquis d’Alibre. Les paroles furent données, et l’entrevue se fit le lendemain. Mais quelques jours après le baron d’Olmar, parent et ami du commandeur et d’Hippolyte, vint les trouver un matin pour leur parler sur cette affaire. Après quelques préambules, s’adressant au comte de Valrive : « Mon cher Hippolyte, lui dit-il, vous avez encore la liberté de rompre ; au nom du ciel n’épousez