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du plaisir à louer ce qui l’intéressoit : il aimoit beaucoup mieux être amusé que briller, et c’est ainsi qu’on est aimable. Rien n’embellit et ne fait pardonner la raison comme la gaîté. Hippolyte ne faisoit jamais de folies, mais il en disoit de si plaisantes, il rioit de si bon cœur, que les gens les plus étourdis et les plus frivoles, n’étoient jamais mal à l’aise avec lui. Ce n’est pas la sagesse, c’est son affiche ou la pédanterie qui repousse : Hippolyte ne dénigroit, n’effarouchoit personne, et gagnoit tous les cœurs ; enfin il avoit un tour d’esprit original. Ses idées toujours justes, offroient communément quelque chose de neuf, et même de singulier, qui donnoit un attrait piquant à son entretien et à son commerce. Son oncle s’occupoit vivement du projet de le marier. Entre les différens partis qu’on lui proposoit, la fille du marquis d’Alibre lui parut le plus avantageux. Hippolyte la vit dans un bal d’après-midi. Laure (c’étoit son nom) n’avoit que seize ans ; elle étoit jolie comme un ange : Hippolyte la trouva charmante. Laure, de