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par bienveillance, et par conséquent sans bassesse, Hippolyte ne souffroit point des imperfections des autres ; il les excusoit toujours et ne s’en irritoit jamais ; il pouvoit être blessé d’un procédé, il ne l’étoit point d’un défaut de caractère ; il trouvoit de l’injustice à se fâcher du résultat nécessaire d’une longue habitude. Sa supériorité ne choqua jamais l’irritable amour-propre des gens médiocres ; il faisoit bien mieux qu’essayer de la cacher (hypocrite ménagement, toujours mal adroit), il n’y pensoit pas ; elle étoit à-la-fois éminente et naturelle : celle-là, dont l’acquisition n’a rien coûté, n’enfle point, n’enivre point ; et l’homme qui la possède, ne veut ni surprendre, ni primer. Hippolyte considéroit le mérite et les lumières, comme des moyens de plaire et de se faire aimer, non comme un droit de dominer : il n’avoit point la prétention de faire valoir les autres, ni la faculté de se déclarer dans un cercle le protecteur du foible ; mais tout naturellement il savoit jouir des agrémens et des talens qu’il rencontroit ; il trouvoit