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LE MALENCONTREUX.

là-dessus, c’est un parti pris ; n’y pensons plus, et souffrez que j’aille rejoindre mon père. Je ne l’arrêtai point, je la laissai sortir, et je fus m’enfermer dans ma chambre. Au bout d’une heure, M. Merton, consterné, vint me retrouver ; il entra en me grondant : Qu’avez-vous donc dit à Lucy ? me demanda-t-il, elle prétend que vous lui avez tout avoué… Je rendis compte à M. Merton de ma conversation avec sa fille ; alors, il m’apprit qu’elle l’avoit écouté davantage, mais en vain, qu’il n’avoit pas produit la moindre impression sur son esprit.

Madame de Florzel ne parut point à souper ; le lendemain, elle partit à la pointe du jour, pour aller chez une de ses tantes ; elle laissa une lettre pour son père, et cette lettre confirmoit positivement ma disgrâce. Que me restoit-il à faire ? le témoignage même de madame D***, s’il m’eût été possible de le produire, n’auroit pu dissuader Lucy ; je me soumis à mon sort, et je me consolai, en songeant que cette espérance déçue m’avoit du moins procuré trois semaines