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LE MALENCONTREUX.

fant dans un temps où M. Merton, très-occupé d’affaires importantes, ne n’écrivoit que des lettres fort sérieuses, et j’aurois cru faire une chose déplacée, en lui contant alors cette ridicule histoire, ainsi je ne lui en parlai point ; mais l’air et le ton de Lucy me faisant connoître ses soupçons et son dépit, j’en sentis toutes les conséquences ; je fus atterré, je pâlis, je rougis, et je ne répondis rien, c’est-à-dire, j’essayai de balbutier une réponse, mais l’expression et la voix me manquèrent… Shocking, shocking[1], dit Lucy avec des yeux enflammés de colère et en se levant… shocking… et elle disparut. Que signifie ceci ? me dit M. Merton, d’un ton un peu sévère. Tête-à-tête avec cet excellent ami, je repris courage, et je lui contai tout, avec autant de détail que de sincérité : après avoir écouté ce récit, M. Merton secoua la tête d’un air chagrin. Ceci est très-fâcheux, me dit-il, je suis bien persuadé de ce que vous venez de me dire, mais je

  1. Choquant.