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LE MALENCONTREUX.

lettre de M. Merton qui me causa beaucoup d’attendrissement ; il me mandoit que la généreuse Lucy s’étoit raccommodée avec Florzel mourant de la consomption ; afin d’adoucir, s’il étoit possible, ses souffrances par les soins les plus assidus et les plus tendres.

Le pauvre Florzel languit encore pendant quelques mois, et mourut enfin le 23 février, dans les bras de la vertueuse épouse qu’il avoit abandonnée pour une courtisane. Cet infortuné jeune homme, victime d’une dissipation effrénée, et des honteux égaremens qui l’entraînèrent dans la tombe, auroit pu parcourir une longue et brillante carrière, et jouir du sort le plus heureux, s’il eût eu des principes et des mœurs ! Triste leçon qui se renouvelle sans cesse dans le grand monde, et dont personne ne profite ; car les jeunes gens, livrés aux passions, ne prennent qu’un engagement, qu’une seule résolution constante, celle de ne réfléchir jamais. Ils sont de tout ce qui se passe, spectateurs curieux, et, par conséquent attentifs, tant que l’action dure ; mais la scène