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LE MALENCONTREUX.

je m’abonnai à quatre ou cinq journaux, afin de me mettre au courant de la littérature actuelle ; mais cette lecture jeta la plus grande confusion dans mes idées ; ces journalistes n’étoient jamais d’accord entr’eux ; le même ouvrage étoit jugé détestable par les uns, et loué comme un chef-d’œuvre par les autres. Au milieu de ces opinions diverses, ne pouvant fixer la mienne, je pris le parti de lire les auteurs modernes dont la réputation est établie ; je voulois sur-tout de la morale, et j’achetai les livres de nos philosophes : cette étude ne servit qu’à m’embrouiller davantage ; ces auteurs soutenoient sans cesse le pour et le contre. Je retrouvai en effet dans leurs ouvrages, les sentences que Florzel en avoit extraites ; mais, à mon grand étonnement, j’y vis aussi des maximes absolument opposées ; la morale ne s’y montroit pas sous une forme plus constante ; principes séditieux et sanguinaires, apologie du vice et du crime, éloge de la vertu, sentimens religieux, impiété, licence, déisme, athéisme, tout s’y trouve : j’ima-