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LE MALENCONTREUX.

Lucy se prit d’amitié pour la dame russe, et, en sortant de table, je déclarai héroïquement que je ne rentreroís dans ma maison que dans quatre mois et demi. Je fus bien récompensé de ce procédé, par l’approbation de Lucy, les remercimens de la jolie dame russe, et l’invitation que me fit M. Merton, en me secouant la main à outrance, de passer tout ce temps à Dresde avec lui et madame de Florzel. Par complaisance pour la famille russe, nous restâmes encore deux jours à Pageroë ; ensuite je partis avec mes amis. Nous prîmes la route de Lubeck, où nous séjournâmes : là, j’appris que madame D*** s’étoit engagée dans une troupe de comédiens français, et qu’elle jouoit l’opéra-comique à Brunswick ; je bénis le ciel qui m’avoit pour jamais débarrassé de cette femme ; et durant tout notre voyage, j’amusai Lucy du récit de mes aventures avec elle. Les quatre mois que je passai en Saxe s’écoulèrent bien rapidement : Lucy reprit sa santé ; je l’accompagnai avec son père, jusqu’à Cuxhaven ; je vis embarquer ces deux