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LE MALENCONTREUX.

En parlant ainsi Lucy pleuroit ; et, pénétré d’attendrissement, je l’écoutois en silence, je m’affligeois avec elle, je souffrois de la voir souffrir ; mais je jouissois de ses regrets.

Le projet de M. Merton étoit d’aller passer, avec sa fille, sept ou huit mois à Dresde ; mais comme il devoit rester encore une semaine à Hambourg, je lui témoignai le desir extrême que j’éprouvois de le recevoir dans l’asyle charmant que je devois à sa bienfaisante amitié. Il consentit à faire une course à Pageroë, et madame de Florzel voulut être de la partie. La joie que me causa ce voyage fut cependant troublée par l’idée que j’allois retrouver madame D*** à Pageroë. J’avoue que j’étois un peu honteux d’avoir à présenter à la plus timide, à la plus modeste des Angloises, une vieille coquette de la tournure de madame D***. Sans parler des folies de cette dernière, je prévins doucement Lucy de ses manières ; je fis l’éloge de ses vertus, mais j’avouai que l’on pouvoit critiquer son costume et son maintien.