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LE MALENCONTREUX.

mes compatriotes de faire usage, comme aliment, d’une espèce de gland dont le peuple se nourrissoit en Espagne. J’avois envoyé ce mémoire à Paris, et dans ma province en Bretagne. Comme je pensois que ce petit ouvrage étoit une preuve non suspecte de l’intérêt que j’avois toujours pris à mon pays, je fus persuadé qu’il me seroit très-utile d’en rappeler le souvenir ; j’en avois conservé une vingtaine d’exemplaires, que je ne manquai pas d’emporter avec moi. Je n’allai point directement à Paris ; plusieurs intérêts particuliers me décidèrent à me rendre d’abord en Bretagne. Mon voyage fut long et pénible, j’en oubliai toutes les fatigues en me trouvant à Brest. Après avoir terminé quelques affaires, je résolus d’aller respirer un moment l’air natal dans la terre où j’étois né, quoiqu’elle fût alors en d’autre mains ; j’y avois fait du bien, je comptois sur la reconnoissance des habitans, et je me faisois un vrai plaisir de passer vingt-quatre heures avec eux. Pour les convaincre de mon patriotisme, je me fis précéder par mon mémoire imprimé ;