Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LE MALENCONTREUX.

monde dans le pays le croyoit. Ainsi, cette femme vaine, capricieuse, extravagante et frivole, me contrarioit, m’excédoit, me ruinoit, et me couvroit de ridicule.

Je recevois toujours assez régulièrement des nouvelles de mon digne ami M. Merton ; je voyois avec peine par ses lettres, que Florzel, livré à la plus grande dissipation, et devenu joueur, se conduisoit mal, et que l’aimable Lucy, sensible et jalouse, n’étoit pas heureuse. Pour moi, sans madame D***, j’aurois eu le sort le plus fortuné ; je m’attachois chaque jour davantage à la province que j’habitois[1] ; cet heureux pays où l’on voit une noblesse affable et pauvre, et des paysans riches et pleins d’urbanité ; où l’on jouit enfin, à tous égards, de toute la liberté qu’un honnête homme peut desirer. En pensant que ces divers avantages réunis se trouvoient sous un gouvernement sage et doux, mais absolument despotique, je me rappelois une citation que Florzel fai-

  1. Le Holstein.