Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LE MALENCONTREUX.

tua aux évanouissemens les crispations d’estomac et les palpitations de cœur, mais elle ne perdit plus l’usage de ses sens.

Tout ce manège dura plus de cinq semaines : le printemps me rendit alors ma liberté. Je passois les journées entières dans mon jardin ou dans la campagne ; je ne voyois plus madame D*** qu’aux heures des repas. Perdant enfin une grande partie de ses espérances, madame D*** changea de conduite ; elle cessa de se contraindre et de déguiser son caractère : elle devint aigre, acariâtre, violente, remplie d’humeur, de caprices ; et loin d’affecter encore les goûts d’une bonne ménagère, elle ne montra plus que du dédain pour les occupations champêtres, et de l’aversion pour la retraite. À cette époque je tombai malade d’une fièvre bilieuse, et je crois que les contrariétés et l’ennui que me causoit madame D***, contribuèrent beaucoup à me donner cette maladie, qui fut assez grave. Madame D***, dans cette occasion, se conduisit de manière à me faire oublier