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LE MALENCONTREUX.

long-temps l’espérance de m’engager à l’épouser, me préparoit une longue suite de scènes. Elle eut, dans le cours de cette journée et des trois suivantes, cinq ou six attaques de nerfs, et des évanouissemens d’une longueur démesurée. Ces états n’étoient pas très-fatigans pour elle, car, comme cela devoit durer et se répéter d’heure en heure, elle supprima les convulsions ; ainsi, elle se contentoit de s’établir dans un bon fauteuil, ou de se coucher sur un canapé, en disant, je me trouve mal ; puis elle fermoit les yeux et se tenoit tranquille ; et quand elle étoit ennuyée de cette attitude, elle ouvroit les yeux, et tout étoit fini. Mais mon rôle demandoit beaucoup plus d’activité, il falloit appeler la servante, faire des libations de vinaigre, soigner la malade et ne la point quitter ; il falloit surtout avoir l’air de prendre beaucoup d’intérêt à cette insipide comédie, puisqu’elle se jouoit en mon honneur. Toutes ces choses m’étoient si antipathiques, j’en étois si excédé, que j’avois très-naturellement la figure la plus triste et la plus décom-