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LE MALENCONTREUX.

tape sur l’épaule, pouvez-vous mentir ainsi ?… Mais laissons cela. Il s’agit de me donner un avis utile : vous connoissez ma situation… et, sans doute, mon cœur !… que me conseillez-vous ! — Mais, madame, je pense que vous ne devez pas refuser les propositions d’un honnête homme qui vous offre une telle fortune. — Vous le pensez ? reprit madame D***, en minaudant plus que jamais. — Parbleu, madame, répliquai-je avec un peu de brusquerie (car toutes ces simagrées commençoient à m’impatienter), j’imagine bien que c’est aussi votre opinion… — Pourquoi s’emporter ? interrompit-elle d’un ton calme et sentimental… pourquoi cette aigreur et ce mouvement de colère ?… Ici, elle fit une pause en me regardant fixement… et, après un moment de silence : Ingrat !… reprit-elle d’une voix languissante, et en me tendant la main, ingrat ! croyez-vous que le sacrifice de la fortune puisse coûter quand on aime !… C’étoit enfin s’expliquer clairement : je fus tellement abasourdi, j’éprouvai un embar-