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LE MALENCONTREUX.

choses qui m’étonnèrent et me déplurent : elle parloit beaucoup trop, en général ; elle s’occupoit de sa toilette, d’une manière qui me paroissoit étrange dans la retraite où nous vivions : son costume ordinaire étoit celui d’une jeune bergère ou d’une nymphe ; communément une guirlande de bleuets couronnoit sa tête ; elle mettoit beaucoup de rouge ; enfin, elle affectoit une espiéglerie et une gaîté enfantines qui formoient avec son âge le contraste le plus singulier et le plus ridicule. Elle avoit encore une autre affectation plus révoltante et aussi visible, celle de la sensibilité : toujours émue ou troublée, elle étoit de ces femmes qui s’évanouissent sans changer de visage (et toujours pour des causes morales), et qui, malgré des attaques de nerfs et des convulsions habituelles, conservent un excellent appétit, une gaîté sémillante, une santé robuste.

Les travers de madame D*** sembloient augmenter tous les jours, et me devinrent beaucoup plus désagréables quand la belle saison fut tout-à-fait