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LE MALENCONTREUX.

coûtoit peu. Je dis à M. Merton qu’ayant fait dans le commerce, grace à ses soins, quelques gains très-considérables pour moi, j’avois environ douze mille francs ; que mon intention étoit de retourner à Hambourg, de m’y placer chez un négociant, et d’y rester jusqu’à ce que j’eusse assez augmenté mes fonds pour pouvoir acheter, dans le Holstein, une chaumière et quelques arpens de terre, et qu’alors je me consacrerois à la retraite. M. Merton réfléchit un moment ; ensuite, approuvant ce dessein, il me dit qu’il me donneroit une lettre pour un négociant de ses amis. Après cet entretien, je pris congé du respectable Merton, non sans une vive douleur : nous nous embrassâmes en pleurant… je n’aurois pu regretter davantage le meilleur des pères. Je partis le lendemain matin, à huit heures. Mon voyage fut long, mais heureux. Le négociant, correspondant de M. Merton, me reçut à bras ouverts ; je m’établis chez lui, et je travaillai dans son comptoir. Trois semaines après mon arrivée à Hambourg,