Page:Genlis - Les souvenirs de Felicie L.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On cite d’un monsieur de Laitre, homme d’esprit, mort il y a quelques années, des traits singuliers d’égoïsme ; en voici un qui, selon moi, surpasse tous les autres.

M. de Laitre étoit l’ami de madame de B***, et durant un hiver, livré à la dissipation du grand monde, il fut long-temps sans la voir, quoiqu’il la sût malade. Quand il retourna chez elle, il la trouva sur sa chaise longue. Elle lui reprocha son absence, en ajoutant qu’ayant toujours été malade, elle avoit souffert les plus cruelles douleurs. — Mais, depuis quand êtes-vous donc malade ? demanda M. de Laitre. — Depuis, six semaines. — Bon Dieu ! six semaines ! comme le temps passe !…

Ce même M. de Laitre contoit un jour l’histoire suivante : — Vous savez comme j’aime S*** : j’étois hier à la chasse avec lui ; son cheval se cabra et se renversa sur lui. Je volai à son secours. J’avois un saisissement affreux. Je dégageai