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chez madame d’Egmont la mère ; j’ai vu là M. de Croy, que la feue reine[1] appelait l’invalide de Cythère. Il est impossible de mieux peindre en deux mots. M. de Croy est un vieillard éclopé, goutteux, boiteux, avec des cheveux blancs bien parfumés, un habillement négligé en apparence, mais de la plus grande recherche ; il porte beaucoup de bijoux gothiques, chargés de vieux chiffres et d’emblèmes, devenus, avec le temps, si communs, qu’on les trouve sur tous les écrans. Tout ce qui vient du sentiment ne vieillit point ; mais la galanterie subit le sort des modes ; ce qui étoit du meilleur goût, dans ce genre, il y a trente ans, paroîtroit ridicule aujourd’hui. Les tabatières de M. de Croy sont d’un poids énorme, parce qu’elles sont toutes à secret, c’est-à-dire qu’elles renferment de vieux portraits cachés là mystérieu-

  1. La femme de Louis xv.