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changement. Le roi jeta sur eux un regard fixe et sévère, ensuite il détourna les yeux. Ils eurent encore, pendant quarante-huit heures, la crainte d’être arrêtés ou exilés, ou du moins bannis de la cour ; rien de tout cela n’arriva. Le roi qui, jusqu’alors, les avoit traités avec distinction, cessa totalement de leur parler et de les regarder. Depuis cette époque, trente ans se sont écoulés, et dans cet espace de temps, jamais le roi n’a démenti cette froideur vindicative ; jamais il ne leur a donné le moindre signe de bienveillance, ni ne leur a fait essuyer la plus légère injustice. Ils ont fait leur chemin, ils ont été privés des faveurs de la cour, mais ils ont obtenu des récompenses méritées, ils n’ont point éprouvé de passe-droits. Le roi s’est toujours souvenu de leur offense, et ne s’en est jamais vengé. Qui ne jugeroit le roi que sur ce trait, lui croiroit autant de caractère que d’équité. Un prince d’un mérite supérieur, mais eni-