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le roi qui, en sortant de chez madame de Mailly, et en s’arrêtant sur la terrasse, les avoit écoutés par le tuyau de la cheminée. Quand le premier mouvement de surprise et de terreur fut passé, on délibéra sur le parti qui restoit à prendre dans cette effrayante conjoncture, et l’on pensa que la fuite étoit impossible, qu’il falloit se résigner et attendre avec courage l’événement. Le reste de la nuit parut bien long. Les deux frères, qui ne doutoient pas qu’on ne vînt les arrêter pour les conduire à la Bastille, n’entendoient pas le moindre bruit sans frémir. Le grand jour augmenta leur frayeur ; le mouvement qui se fit dans le château, sembloit à chaque instant réaliser leurs craintes sinistres ; cependant rien ne parut, ils commencèrent à se rassurer un peu ; ils entendirent sonner dix heures, et ils prirent la courageuse résolution d’aller au lever du roi. Ils s’y rendirent : tout le monde fut frappé de leur pâleur et de leur