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deux heures après minuit pour s’aller coucher ; il rencontra dans un corridor le comte de Bissy, son frère, et ayant à lui parler, il l’emmena chez lui. On étoit aux derniers jours de l’automne, il faisait froid ; les deux frères s’établirent au coin du feu, et après avoir causé de quelques affaires, la conversation tomba sur le roi ; ils étoient tous les deux dans un moment de mécontentement et d’humeur, et le roi ne fut pas épargné : ils parlèrent de ses défauts et de ses vices, non-seulement avec aigreur et mépris ; mais avec exagération ; ils avoient sur ce sujet épuisé tous les traits de la satire, lorsque tout à coup un son terrible, parti du haut de la cheminée, leur coupa la parole ; une voix foudroyante (c’était celle du roi) prononça distinctement ces mots : Taisez-vous, insolens… M. de Thiars et son frère restèrent muets, immobiles ; ils se crurent perdus sans retour… ils ne s’étoient point trompés, c’étoit en effet