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n’hésita pas. Elle tira de son sein le bouquet qu’elle avoit, comme de coutume, reçu le matin, et elle l’offrit à Darmance qui, pénétré de joie, de reconnoissance et d’amour, saisit sa main, et la baigna des plus douces larmes.

Herminie fut bientôt guérie, il sembloit que le bonheur hâtât sa convalescence. Darmance lui avoit fait promettre qu’elle ne se regarderoit dans une glace qu’en sa présence, et le jour où elle pourroit sortir de sa chambre. Il n’y avoit dans toute la maison qu’un petit miroir fêlé, dont se servoient tour à tour la grand’mère, la servante, et Léon ; mais Herminie, fidèle à sa promesse, n’auroit pas souffert qu’on l’apportât dans sa chambre.

Darmance, plus amoureux encore depuis qu’Herminie avoit recouvré la vue, étoit aussi beaucoup plus agité. Elle va donc perdre, se disoit-il, cette aimable ignorance de ses charmes et de leur pouvoir ! elle va se connoître, elle