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pli de sachets d’ambre ; elle le serra soigneusement, et ne s’en parfuma point : car, dit-elle à Léon, si j’en portois, je ne distinguerois plus Darmance, et quand il est dans le salon, je ne saurois plus s’il s’éloigne ou s’il se rapproche de moi. Souvent Herminie, dans l’absence de Darmance, alloit ouvrir son coffre, et respirer avec délices ce parfum si doux. Ah ! disoit-elle, il me semble qu’il est là !… et cependant ses pleurs couloient ; mais pour elle, verser des larmes, c’étoit aimer. Elle avoit tant pleuré sa mère !… Depuis long-temps, dans son âme et dans son imagination, le sentiment étoit inséparable de la douleur. Néanmoins, un intérêt nouveau formoit enfin une époque dans son existence ; depuis qu’elle connoissoit Darmance, les jours se succédoient pour elle ; le matin elle attendoit le soir avec impatience ; le soir, en se couchant, elle pensoit au lendemain.

Darmance, de son côté, n’étoit occupé