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par la mort de sa mère, par la privation de la vue, et par la ruine entière de sa famille.

Herminie, confinée dans une retraite absolue depuis l’âge de douze ans, avoit conservé l’innocence et toute la naïveté de l’enfance ; son humeur seule avoit changé : elle étoit devenue profondément mélancolique, elle regrettoit et pleuroit sa mère comme dans les premiers jours de son deuil. Rien n’ayant pu la distraire de sa douleur, elle la ressentoit chaque jour tout entière comme la veille. Dans les ténèbres qui l’environnoient, dans la tristesse et la monotonie de sa vie, le temps pour elle sembloit être immobile. Nul changement, nulle révolution ne l’avertissoit de son mouvement et de sa fuite.

Cependant Darmance, après le dîner, se rendit chez Herminie ; il la trouva souffrante encore, mais assise à côté de sa vieille grand’mère ; cette dernière, âgée de quatre-vingts ans, avoit un petit