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au plaisir de la regarder ; son cœur ému répétoit alors en gémissant : Ce n’est pas moi qu’elle aimera

Dans l’une des belles matinées du mois de mai, Darmance, après une longue promenade dans le bois de Vincennes, s’assit au pied d’un arbre. Ses regards erroient, avec distraction, sur une allée qui se trouvoit vis-à-vis de lui, lorsqu’il aperçut une jeune personne qui s’avançoit lentement, et tenant par la main un enfant de douze ou treize ans. La vue d’une femme qui paroissoit jolie, fit soupirer Darmance. La solitude du bois, désert alors (il n’étoit que huit heures), ajoutoit à son émotion, qui s’augmentoit à chaque pas que faisoit l’inconnue ; car plus elle s’approchoit de lui, et plus il la trouvoit belle…… Tout à coup il la vit chanceler et tomber. Aussitôt Darmance se lève, court à elle ; l’inconnue étoit couchée sur le gazon, et sans connoissance, dans les bras du jeune garçon