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étendu, une âme sensible et généreuse. Il aimoit passionnément la lecture, il dessinoit supérieurement ; mais ne pouvant se plaire dans le monde, il crut que son malheur le comdamnoit à vivre dans une profonde solitude. Je ne puis, se disoit-il, communiquer avec les hommes que par mes actions, ne cherchons donc que ceux que l’on peut servir, toucher et soulager par sa conduite et non par des discours. Le pauvre, en recevant mes bienfaits, comprendra ces pensées que je ne saurois exprimer ; et même l’infortuné que je ne pourrois secourir m’entendra, il me verra pleurer avec lui… Ces douces idées consoloient le bienfaisant Darmance ; il auroit pu être, sinon heureux, du moins paisible, sans la réflexion accablante que jamais une compagne aimable n’achèveroit d’embellir sa retraite. Il ne pouvoit entrevoir une belle femme sans éprouver une sensation douloureuse ; il n’osoit se livrer