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de l’influence des femmes

jeta dans l’intrigue ; d’ailleurs, elle se fit de la juste reconnoissance du roi, un droit de gouverner ; elle n’avoit eu jusqu’à ce moment qu’une ambition relative, la seule qui convienne à une femme ; elle en prit une personnelle, et bientôt le sentiment le plus violent et le plus malheureux acheva de dénaturer son caractère : son funeste penchant pour le connétable de Bourbon priva la France d’un grand homme, et causa tous les désastres de ce règne. On n’outrage pas une jeune personne en ne partageant point ses sentimens ; mais l’amour déçu d’une femme de quarante-cinq ans est toujours un amour méprisé ; le ressentiment est la suite ordinaire d’une passion extravagante et ridicule à tous les yeux. Celui de la duchesse d’Angoulême fut atroce : une persécution inouïe jeta l’infortuné connétable dans une révolte qui lui ravit sans retour sa patrie, sa vertu, sa gloire et le repos.