Page:Genlis - De l influence des femmes sur la litterature t1.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée
10
de l’influence des femmes

austère ; il y régnoit une noble liberté ; et les mémoires de Joinville nous font connoitre que Louis aimoit la conversation et les bons mots, qu’il en disoit souvent lui-même, et qu’une douce gaîté formoit le fond de son caractère. Blanche et Marguerite protégeoient les savans et les gens de lettres ; Marguerite, surtout, avoit beaucoup de goût pour la poésie : elle attira à la cour, et sut récompenser tous les auteurs célèbres de ce temps ; mais elle vouloit que leurs productions fussent chastes et pures comme les muses qu’ils iuvoquoient. Un poète provençal, avant osé lui dédier un poème dans lequel se trouvoient quelques vers licencieux, elle le fit exiler aux îles d’Hières.

Marguerite suivit Louis en Egypte, laissant sa fille Isabelle sous la garde de la reine-mére ; elle mit au jour, à Damiette, un fils qu’elle surnomma Tristan, parce qu’il vint au monde trois jours après la triste nouvelle de la capti-