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veraine, et pour substituer à sa couronne royale l’humble bandeau de religieuse. Radegonde fonda à Poitiers le fameux monastère de Sainte-Croix ; loin d’y vouloir commander, elle y fit élire une abbesse, et y vécut simple religieuse jusqu’à sa mort. Elle eut le mérite, si rare dans ces temps de barbarie, d’aimer les sciences et la littérature ; elle écrivoit en latin. Elle protégea plusieurs savans, entr’autres Fortunat et Grégoire de Tours.

Clotaire avoit pour elle une telle estime, qu’il lui conserva toute sa confiance, malgré une séparation à laquelle il n’avoit consenti qu’avec un extrême regret. Radegonde ne se servit de son ascendant sur lui que pour adoucir sa férocité ; les malheureux trouvoient en elle une pitié tendre, active, et presque toujours une protection efficace. Ils devoient à ses sollicitations quelquefois leurs biens ou leur liberté, et même souvent la vie.