Quand on s’expose à scandaliser les
foibles, il faut prouver par des faits l’opinion
qu’on énonce. Quelle est la femme auteur,
quel est même l’admirateur des écrits de
M. d’Alembert, qui voulût avoir écrit le morceau
suivant, morceau important, médité avec
soin, fait avec grande prétention, enfin un
parallèle de trois grands écrivains (Racine,
Boileau, Voltaire) ? On a dû employer toutes
les ressources de son imagination et tout
son talent pour composer un tel morceau ; le
voici :
« Ne seroit-il pas possible de comparer
ensemble nos trois grands maîtres en poésie,
Despréaux, Racine et Voltaire ? Ne pourroit-on
pas dire, pour exprimer les différences
qui les caractérisent, que Despréaux
frappe et fabrique très-heureusement
ses vers ; que Racine jette les siens
dans une espèce de moule parfait, qui décèle
la main de l’artiste, sans en conserver
l’empreinte ; et que Voltaire, laissant comme
échapper des vers qui coulent de source,
semble parler sans art et sans étude sa langue
naturelle ? Ne pourroit-on pas obser-