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montra beaucoup plus de talent dans Brutus, sa seconde tragédie, qui eut vingt-cinq représentations. Il y a dans cette pièce, comme dans le Brutus de Voltaire, un envoyé de Tarquin, qui parle dans le sénat avec beaucoup de hardiesse et de noblesse ; cette tirade finit ainsi :

Les Romains sont en proie à leur aveuglement,
Ils ne consultent plus les lois, ni la justice,
Un caprice détruit ce qu’a fait un caprice.
Le peuple, en ne suivant que sa légèreté,
Se flatte d’exercer sa fausse liberté,
Et par cette cette licence impunément soufferte,
Triomphe de pouvoir travailler à sa perte.

Le plus grand mérite de cette pièce est d’avoir donné à Voltaire l’idée d’en faire une sur le même sujet. Brutus est peut-être la meilleure tragédie de ce grand poëte, qui n’a pas dédaigné de prendre dans la tragédie de mademoiselle Bernard, un mot d’une très-grande beauté. Voici les deux passages :

BRUTUS.

… N’achève pas ; dans l’horreur qui m’accable,