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roient mauvais et répréhensibles dans un ouvrage de morale, sont naturels et vrais dans la bouche d’une femme qui veut céder au penchant qui la domine. Ce ton d’humeur contre tout ce qui s’oppose à l’amour, rend cette idylle plus poétique : madame Deshoulières a dû le prendre ; c’est une espèce de fiction qui ne fait aucun tort au caractère de l’auteur ; elle n’a point eu le projet de faire parler une personne raisonnable : toutes ses idylles ne sont que des rêveries d’un cœur foible et sensible.

Voici encore quelques vers de madame Deshoulières, aussi beaux, et d’une morale irréprochable :

    Pourquoi s’applaudir d’être belle ?
Quelle erreur fait compter la beauté pour un bien !
    À l’examiner, il n’est rien
    Qui cause autant de chagrin qu’elle.
Je sais que sur les cœurs ses droits sont absolus,
    Que tant qu’on est belle on fait naître
Des désirs, des transports et des soins assidus ;
    Mais on a peu de temps à l’être,
    Et long-temps à ne l’être plus.