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s’exprimant avec tout l’emportement de l’amant le plus impétueux ! c’est cependant ce que nous avons souvent vu depuis quelques années. En transformant ainsi les femmes, on a cru leur donner de l’énergie, on s’est trompé : non-seulement on ne pouvoit les dépouiller de leurs grâces naturelles sans leur ôter toute leur dignité, mais ce langage véhément et passionné leur ôte encore tout ce qu’elles avoient de véritablement touchant.

Si l’on veut réfléchir aux situations et aux scènes qui, dans les ouvrages d’imagination et au théâtre, produisent le plus d’effet, on verra toujours que ces grands effets sont dus aux réticences et aux sentimens contraints, c’est-à-dire aux sentimens que l’on n’ose montrer