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LETTRE XLVII.

La Baronne à la Vicomteſſe.


De Rome !… Vous qui ſuppoſiez que je datois avec tant d’orgueil, de Veniſe, j’imagine que vous me croyez bien plus fière de pouvoir écrire de Rome ; mais heureux ceux qui, comme vous, ma chère amie, datent toujours d’Auteuil & de Pantin. Vous n’imaginez pas à quel point on aime ſon Pays, lorſqu’on en eſt à la diſtance où je ſuis du mien. Je ne rencontre pas un François qui ne me paroiſſe aimable : j’en voyois deux à Veniſe dont la ſociété m’étoit devenue néceſſaire, & qui vraiſemblablement m’ennuyeroient beaucoup à Paris ; enfin, tout ce qui peut me rappeler la France eſt véritablement intéreſſant pour moi. Mais revenons à Rome puiſque j’y ſuis arrivée hier au ſoir. Vous jugez bien que mon premier ſoin a été d’envoyer chez la fille de la Ducheſſe de C… cette Comteſſe de Belmire, que j’avois tant d’envie de connôître ; prévenue par ſa mère, elle eſt arrivée chez moi, le ſoir même, avec ſon mari, & j’ai retrouvé en elle toute la politeſſe