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aussitôt ce billet. Le lendemain, M. de Schomberg vint me gronder avec beaucoup d’amertume, et il m’apprit que cet éloge étoit de M. de Condorcet[1]. D’Alembert ne m’a jamais pardonné un jugement aussi peu flatteur pour lui.

L’empereur d’Allemagne, frère de la reine de France, vint à Paris ; il y réussit extrêmement, par sa politesse, ses manières, ses connoissances en tous genres, et son désir de les accroître ; l’étiquette l’empêcha d’aller chez les princes du sang. J’avois grande envie de le rencontrer, et, me doutant bien qu’il auroit la curiosité de voir la collection des tableaux

  1. Condorcet débuta dans la carrière des panégyristes, par les éloges des académiciens du dix-septième siècle, que Fontenelle n’avoit point placés dans son Panthéon. Les éloges publiés par Condorcet annonçoient un très-bon esprit et beaucoup de simplicité ; mais on trouva son style dénué d’intérêt, et qu’il manquoit de l’art que Fontenelle avoit si bien possédé, de mettre les idées les plus abstraites, les systèmes les plus compliqués, à la portée de tous les lecteurs. L’éloge de La Condamine, est l’histoire abrégée de la vie de ce savant célèbre. Ce morceau eut le plus grand succès ; cependant on trouva quelque chose de trop poétique dans la description de la douleur de madame de La Condamine, quelques phrases