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philosophes ont beaucoup loué, parce qu’il renferme de très-mauvais principes, mais qui est, à tous égards, un mauvais ouvrage, très-diffus, sans vues nouvelles, et fort ennuyeux. M. de Schomberg, qui étoit intimement lié avec d’Alembert, me l’avoit amené deux ou trois fois, et m’apportoit régulièrement, de sa part, tous ses petits éloges académiques, à mesure qu’il les faisoit imprimer ; il m’arriva, à ce sujet, une plaisante méprise. Un jour que je n’étois pas chez moi, il laissa l’éloge, sans nom d’auteur, de La Condamine ; je ne doutai point que cet éloge ne fut, comme le précédent, de d’Alembert ; je le lus sur-le-champ, il me plut infiniment plus que tous les autres. J’écrivis le soir même un petit billet à d’Alembert, pour le remercier, et dans lequel je lui disois que je trouvois cet éloge au-dessus de tous ceux qu’il avoit faits, et sans comparaison le meilleur, et j’envoyai

    l’Essai sur l’étude de la littérature, et les Extraits raisonnés des livres qu’il avoit lus. Ces extraits furent publiés après la mort de Gibbon. L’Essai sur l’étude de la littérature est écrit en françois, avec autant de pureté que de goût.

    (Souvenirs de Félicie.)