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querelle avec les philosophes ses amis alors, pour avoir follement reconnu, dans la Rivalité de la France et de l’Angleterre, qu’il y avoit incontestablement du miraculeux dans l’histoire de Jeanne d’Arc. M. de Buffon donna aussi plusieurs descriptions d’animaux, et toujours avec cette perfection de style qu’il a conservée jusqu’à la fin de ses jours, au milieu de la mauvaise école formée par Thomas.

Pendant que j’étois au Palais Royal, M. de Voltaire vint et mourut à Paris ; comme il m’avoit reçue à Ferney, et qu’il vint se faire écrire chez moi, j’allai le voir trois ou quatre fois ; il me reçut avec beaucoup de grâce, mais je le trouvai si abattu et si cassé, que je vis bien que sa fin étoit prochaine. Quelque temps après, j’eus une liaison assez intime avec M. Gibbon[1], auteur de la Chute de l’empire romain, ouvrage anglois que nos

  1. L’Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain parut d’abord sous le format in-4o. Le premier volume fut publié on 1776, le second et le troisième en 1781, et les trois derniers en 1788, six ans seulement avant la mort de Gibbon. Il étoit né en 1757. Cet écrivain est encore l’auteur de plusieurs autres ouvrages ; les plus remarquables sont, l’Histoire des libertés de la Suisse,