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plusieurs quêtes avoient produit une somme de six cents francs, on nommoit un chevalier et une dame, que l’on chargeoit de s’informer des pauvres qui pouvoient mériter ce secours, et le chevalier et la dame promettoient d’aller ensemble visiter ces pauvres, pour vérifier les

    et proscrit, et passe aux insurgens ; voilà son histoire. — Elle est singulière, répondis-je ; je l’ignorois, quoique je le connoisse un peu  : je sais qu’il étoit le chef de la conjuration, et à la tête de ceux qui ont arrêté le roi ; mais tous les détails relatifs à l’ordre de la Persévérance m’étoient alors absolument inconnus. — Il est plaisant que ce soit un profane qui les apprenne à une initiée. — Oh ! oui, très-plaisant !… mais du moins je sais de plus que vous le détail des cérémonies. — Point du tout ; ne vous en flattez pas je sais qu’elles sont très-belles, très-guerrières, et faites pour inspirer l’enthousiasme, surtout dans des temps de trouble. — Enfin rien ne doit vous être caché. — Oh ! quand on écrit l’histoire, et l’histoire moderne, on est obligé de faire tant de recherches qu’il faut bien découvrir les choses les plus obscures et les plus secrètes. »


    Voilà notre entretien. Je n’ai pas exagéré d’un mot, et j’ai écrit sur-le-champ afin que ce récit fût fidèle. Que seroit devenu cet homme, cet historien, si je lui eusse dit que c’est moi qui ai inventé tout cela, et que cet ordre n’a jamais existé que dans ma tête ?

    (Souvenirs de Félicie.)